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Home / Ancienne Nouvelles / Nouvelles / ALLOCUTION DE KRIS PEETERS, MINISTRE-PRÉSIDENT DU GOUVERNEMENT FLAMAND ET MINISTRE FLAMAND DE L’ECONOMIE, DE LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE, DE L’AGRICULTURE ET DE LA RURALITÉ (Traduction française) à l’ouverture de la Kazerne Dossin le 26 novembre 2012

Sire,

Chers ministres de Belgique et de l’étranger,

Mesdames et Messieurs les ambassadeurs,

Madame le gouverneur,

Monsieur le bourgmestre,

Mesdames, Messieurs,

En face de ce nouveau musée se trouve la façade blanchie à la chaux de l’ancienne Kazerne Dossin. Entre 1942 et 1944, un plan abominable a été mis à exécution à quelques mètres de nous, derrière ce mur. Les nazis se sont en effet servis de cette caserne d’infanterie du 18e siècle comme camp de rassemblement avant la déportation à Auschwitz-Birkenau.

Plus de 25.000 Juifs et 352 tziganes de Belgique et du Nord de la France ont ainsi été déportés lors de 28 transports. Pour plus de 24.000 d’entre eux, ce voyage a été leur dernier voyage. Ils ne sont jamais rentrés vivants.

Ce mur blanc est le symbole d’une période noire de notre histoire. Le symbole du fait que des gens ordinaires peuvent accomplir les actes les plus invraisemblables. Et que de tels actes peuvent être perpétrés dans nos rues et sur nos places.

En 1995, un demi-siècle après ces faits, le Musée juif de la Déportation et de la Résistance a ouvert ses portes dans le bâtiment avant de la caserne. La communauté juive, avec le soutien du Gouvernement flamand, souhaitait ainsi perpétuer le souvenir de ces pages sombres de notre histoire.

Durant les années qui ont suivi, le musée a reçu la visite de milliers de personnes et est bien vite devenu trop petit pour accueillir cette masse de visiteurs.

De plus, de nouvelles perspectives historiques s’étaient développées au sujet des évolutions sociales avant et pendant la Deuxième Guerre mondiale. Et des phénomènes contemporains comme le racisme, la discrimination et l’exclusion des groupes de population en raison de leur origine, religion, conviction, couleur de peau, sexe ou nature ont rendu nécessaire une réflexion en partant du contexte historique du site de la Kazerne Dossin. D’où la nécessité d’un élargissement et d’une actualisation au niveau du contenu.

Le Chevalier Natan Ramet, survivant de l’Holocauste et inspirateur du premier musée, croyait fermement en cet objectif d’élargissement. Il est donc particulièrement regrettable qu’il ne soit plus parmi nous pour assister à l’inauguration de son nouveau musée. Son témoignage de l’horreur de la persécution des Juifs, son profond sens des responsabilités et sa foi dans la tolérance, le respect et le civisme ont conféré une plus-value considérable à ce projet.

Le Chevalier Natan Ramet est le père fondateur de ce musée. Honorons donc sa mémoire comme tel.

C’est pourquoi je propose que son nom soit en permanence associé à l’auditorium situé au quatrième étage de ce musée. Cet auditorium sera en effet un lieu pleinement dédié au dialogue qu’il encourageait avec tant d’ardeur.

Mesdames, Messieurs,

Ce mémorial, ce musée et ce centre de documentation sont le fruit d’une longue et intense concertation.

Je souhaite dès lors remercier toutes les personnes qui y ont collaboré. Les services de l’Autorité flamande qui ont encadré ce projet; le Bourgmestre Somers; les bureaux d’étude; l’administration, la direction et le personnel de la Kazerne Dossin. Je remercie tous ceux qui ont participé à la mise en oeuvre de ce projet sous la coordination de la société CEI-De Meyer et toutes les autres entreprises qui ont donné forme au site muséal et se sont chargées de la technologie et des travaux d’aménagement des abords.

Je tiens également à remercier mes prédécesseurs ministres-présidents. Le musée que j’ai l’honneur d’inaugurer aujourd’hui n’aurait pas vu le jour sans la continuité que les précédents Gouvernements flamands ont donnée à ce dossier.

L’actuel Gouvernement flamand a poursuivi et renforcé ce travail. En investissant 25 millions d’euros dans la construction et en manifestant son intention de continuer à soutenir le fonctionnement de ce site à l’avenir.

Toutefois, ce soutien permanent du Gouvernement flamand ne signifie pas qu’il s’agit d’un projet exclusivement flamand.

La présence du Roi, des différents niveaux politiques belges, des courants philosophiques et de nombreux ministres, ambassadeurs et chargés d’affaires de l’étranger prouve que cette histoire concerne tout un chacun. Toute personne qui partage notre volonté d’éviter que se reproduisent un jour les événements qui se sont déroulés ici. C’est une balise pour l’éducation, au sens large du terme, à la mémoire en Belgique comme à l’étranger.

Le façonnement de cette balise est absolument sensationnel. bOb Van Reeth et le bureau d’architectes ‘awg architecten’ ont accompli un travail fabuleux. La transformation de la caserne en Mémorial et centre de documentation, l’aménagement de la place et l’architecture mais surtout la conception de ce nouveau musée témoignent d’une vision forte.

Et cette vision se prolonge dans le contenu. Le Professeur Herman Van Goethem a accepté le défi de mettre en relation l’extermination des Juifs durant la Deuxième Guerre mondiale avec la problématique plus large de la violation des droits de l’homme. Eric Stroobants, président de la vzw KazerneDossin, vous en donnera plus de détails tout à l’heure.

Mesdames, Messieurs,

L’ouverture de ce musée a lieu à l’heure où notre pays préside cette année la Taskforce for International Cooperation on Holocaust Education, Rememberance and Research. Avec ce nouveau musée, la Flandre concrétise les objectifs de cette Task Force. Je tiens à remercier expressément l’International Advisory Board, composé de représentants d’autres musées sur l’Holocauste, pour le soutien qu’ils ont offert à ce projet.

Je suis convaincu que la Kazerne Dossin occupera une place à part entière parmi les musées consacrés à l’Holocauste dans le monde entier et dans le cercle plus large des musées dédiés au souvenir. Je vais examiner la possibilité d’organiser régulièrement ici, à Malines, des rencontres internationales. Le vif intérêt témoigné à l’échelle internationale, qui constitue aujourd’hui un soutien important pour la Kazerne

Dossin, me donne l’espoir de pouvoir renforcer la collaboration.

Ce nouveau musée, Mesdames et Messieurs, établit des liens qui pourront nourrir des débats et échanges de points de vue. Dans le film de présentation que vous pourrez voir tout à l’heure au début de la visite, un lien est établi, par exemple, entre le harcèlement et l’exclusion chez les jeunes.

Du harcèlement et de l’exclusion, il n’y a qu’un pas vers la violence. Et de la violence individuelle, il n’y qu’un pas vers la violence de groupe. Ce sont des dangers qui, aujourd’hui, sont tout aussi réels qu’il y a 70 ou 80 ans. Evidemment, ils ne sont pas comparables à la machine dévastatrice de l’holocauste. Mais la forme la plus extrême de violence de masse est bien le génocide.

Et c’est ce dont traite ce musée. Du réveil du souvenir, de la vigilance. De façon à ne plus jamais vivre ce qui s’est passé derrière ce mur blanc. Mais il traite aussi de la sensibilisation à la tolérance, au respect et au civisme.

Ce musée raconte des histoires comme celles de Simon Gronowski et de Koenraad Tinel qui sont présents aujourd’hui. Simon Gronowski a survécu au vingtième convoi de Dossin; il s’est échappé du train lorsque quelques résistants héroïques ont arrêté le convoi.

Koenraad Tinel est le fils d’un nazi belge. Enfant, il s’est enfui en Allemagne avec sa famille après le Débarquement de Normandie. Il a finalement été arrêté et est revenu en Belgique après un passage par Nürnberg. Aujourd’hui, ces deux hommes sont amis.

Mesdames, Messieurs, ils prouvent qu’un homme ne naît pas victime ou coupable mais qu’il le devient. En raison du lieu, de l’époque et de l’environnement. Et cela doit nous donner espoir. Car cela signifie que nous pouvons aussi éviter ce devenir. Que nous pouvons tirer des leçons du passé et préserver ainsi nos enfants et petits-enfants des tragédies qu’ont vécues nos parents et grands-parents.

Et, pour reprendre les mots de Simon Gronowski: “Aussi tragiques que puissent être les événements du passé et quelle que puisse être la souffrance de peuples et d’hommes aujourd’hui encore, ayez toujours foi en l’avenir. Ayez confiance en la bonté humaine.

Que ce message soit adressé au monde entier aujourd’hui. Un message de paix et de tolérance. De vigilance et d’énergie.

Mais surtout, Mesdames et Messieurs, un message de foi en la bonté de l’homme et son espoir inébranlable d’un avenir meilleur et plus beau.

Je vous remercie.