Home / Nouvelles / Première Page / Discours du Premier ministre belge, M. Elio Di Rupo, à l’occasion du 70e anniversaire du début de la déportation des Juifs en Belgique, discours tenu lors du 56e Pèlerinage national à la Caserne Dossin à Malines, en présence de S.A.R. le Prince Philippe et de nombreuses personnalités de premier plan
Monseigneur, Dames en Heren,70 jaar geleden werd precies op deze plaats een van de zwartste bladzijden uit onze geschiedenis geschreven. Hier werden vanaf juli 1942 meer dan 25 000 Joden en 351 zigeuners bijeengebracht en gevangengenomen. De meesten werden naar Auschwitz gedeporteerd. Slechts 1 240 van hen overleefden. Dat is dus minder dan 5%. De oudste, Etna KOLENDER, was 92 jaar oud. De jongste, Suzanne KAMINSKI, was amper 40 dagen oud. Niet al deze mensen waren Belgen. Ze kwamen grotendeels uit Oost-Europa, Duitsland of Rusland en waren naar ons land gevlucht om te ontsnappen aan de vervolgingen en de pogroms, die lang vóór de opkomst van het nazisme bestonden. Ce que ces personnes étaient venues chercher en Belgique, c’était l’assurance d’une sécurité. Elles s’imaginaient, à Bruxelles ou à Anvers, à l’abri de la haine raciale et de l’antisémitisme. Elles pensaient trouver, dans notre pays, le droit de vivre en paix, tout simplement. Hélas, l’occupation de la Belgique par les nazis allait faire voler en éclats ce sentiment de sécurité. A peine installés, les nazis réquisitionnèrent cette caserne malinoise pour la transformer en antichambre des camps de la mort. Il y eut d’abord les convocations pour le travail obligatoire, un piège dans lequel tombèrent des milliers de victimes. Ensuite, l’Occupant décida de doubler les objectifs. Il lui fallait non plus 10.000, mais 20.000 Juifs. Ce fut le début des rafles, dans les rues d’Anvers surtout, et aussi de Bruxelles. Si cet épisode est l’un des plus noirs de notre histoire, ce n’est pas seulement par l’horreur qu’il suscite. C’est aussi parce qu’il a impliqué la collaboration ; collaboration de citoyens belges et de nombreuses autorités de notre pays.
Laten we de moed hebben de waarheid onder ogen te zien: er was wel degelijk een deelname van het Belgische staatsapparaat aan de Jodenvervolging. 70 jaar later hebben we het recht niet om deze bladzijde om te slaan zonder deze belangrijke historische waarheid een plaats te geven. De collaboratie van sommige overheden en ambtenaren tussen 1940 en 1945 is een realiteit die door diverse studies is aangetoond, waaronder de SOMA-CEGES-studie “Gewillig België” uit 2007.
Qu’il s’agisse de collaboration active ou passive, durable ou limitée dans le temps, individuelle ou collective, elle constitue une flétrissure que nous devons tous assumer. De la même manière, nous portons collectivement la fierté d’avoir eu en Belgique de très nombreux résistants: près de 1500 « Justes » ont leur nom gravé au Yad Vashem de Jérusalem. Plusieurs autorités belges ont, à des degrés divers, évoqué cette responsabilité dans ce crime épouvantable que fut la déportation des Juifs au départ du territoire belge. Récemment, des excuses ont été adressées à la communauté juive par les villes d’Anvers et de Bruxelles.
Voordien, en nog vóór de conclusies van de CEGES-SOMA-studie, waren er de verklaringen van een van mijn voorgangers, Guy Verhofstadt. Ik wil mij vandaag volledig aansluiten bij die erkenning. Ik wil hier bovendien, als u mij toestaat, de mogelijke twijfels of een eventueel onbehagen, uit de wereld helpen. Sommigen van u vinden dat er een zekere ambiguïteit bestaat rond de erkenning van de verantwoordelijkheid van de Belgische autoriteiten in de uitroeiing van de Joden. Laat mij duidelijk zijn. De federale regering is en blijft vastberaden de herinnering aan ons verleden levend te houden; de herinnering aan zowel de positieve kanten als aan de negatieve kanten. De regering durft dus ook de zwartste bladzijden in onze geschiedenis onder ogen te zien.
Les conclusions de l’étude du CEGES sur la déportation des Juifs de Belgique sont accablantes. Cette étude a notamment contribué à faire tomber un mythe trop largement répandu, celui d’autorités belges qui auraient été impuissantes face à l’occupant nazi. Même si le gouvernement belge a quitté la Belgique pour Londres et s’est rangé dans le camp des alliés. Même si la Belgique était sous régime d’occupation. Même si de très nombreux Belges se sont illustrés par leur courage dans la résistance, en cachant des Juifs ou en sabotant l’action de l’occupant. Il n’en reste pas moins qu’à travers l’implication d’un certain nombre d’autorités, l’Etat belge a adopté une attitude beaucoup trop docile. Il faut le reconnaître officiellement : ces autorités ont mené avec l’occupant allemand dans des domaines cruciaux une collaboration indigne ; indigne d’une démocratie, indigne de nos valeurs fondamentales. Cette collaboration a eu des conséquences dramatiques pour la communauté juive. Oui, en prêtant leur concours à l’entreprise d’extermination mise en place par les nazis, ces autorités et à travers elles, l’Etat belge, ont manqué à leurs devoirs. Elles se sont rendues complices du crime le plus abominable. Cette faute criminelle restera une tache indélébile dans l’histoire de notre pays. Une tache moralement imprescriptible, une responsabilité ineffaçable. Je ferai tout ce que je peux pour que jamais elle ne tombe dans l’oubli. Je veux, dès maintenant, sur la base des informations avérées que nous possédons, exprimer les regrets et la honte que cette collaboration nous inspire. En tant que Premier Ministre du Gouvernement belge, je présente les excuses de la Belgique à la communauté juive, même si les comportements de l’époque sont inexcusables. Par ailleurs, j’invite le Sénat à débattre dès que possible de la proposition de résolution à propos de la responsabilité de l’Etat belge. Le Gouvernement sera évidemment très attentif aux conclusions des travaux et il en tirera les enseignements pour l’avenir.
Monseigneur, Dames en Heren, Ook al is het nazisme dan verdwenen, rassenhaat is nog steeds in opmars. Jammer genoeg beschouwen te veel mensen Rassentheorieën, het opkomende antisemitisme, de eerste anti-Jodenwetten, de davidster, de razzia’s, de deportaties, enkel als iets uit een ver verleden. Of, nog erger, zijn ze er zich niet eens van bewust.
Or, je veux le redire ici solennellement. Oublier, ce serait trahir. Trahir les victimes et leurs descendants. Ce serait aussi préparer la montée de nouvelles formes d’extrémisme. Sans références et sans bagage historique, trop de personnes sont susceptibles de reproduire un jour les erreurs du passé. Nous le voyons bien à la façon dont, notamment, les insultes antisémites réinvestissent la place publique ; ce qui est totalement inacceptable et que je combats avec toute mon énergie. Nous le voyons aussi à la montée de partis ouvertement xénophobes, chez nous et dans toute l’Europe. La crise économique favorise hélas les replis sur soi et la recherche de boucs émissaires. Nous devons donc travailler dans deux directions, sans jamais négliger l’une au profit de l’autre.
De eerste richting die we moeten volgen, is het overdragen van de herinnering en van onze waarden. In dat opzicht wil ik benadrukken hoezeer ik dit memoriaal op prijs stel. Onder meer voor hoe men de jongeren erbij betrekt. Ik wil ook de voortdurende inspanningen onderstrepen die de Joodse gemeenschap levert via haar diverse instanties. Inspanningen om de jonge generaties te onderwijzen en hen te behoeden voor extremisme. Zoals u weet, is België actief lid van de Task Force for International Cooperation on Holocaust Education, waarvan ons land momenteel ook voorzitter is. De deelname aan de werkzaamheden van de Task Force, in nauwe samenwerking met de Gemeenschappen, wijst op het belang dat wij hechten aan het onderwijs, de herinnering en het onderzoek over de Holocaust.
La deuxième direction, c’est la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Nous savons que plus une personne est reconnue dans sa dignité, plus elle est capable de tolérance et de respect de l’autre. Nous devons donc non seulement transmettre les valeurs et la mémoire. Mais nous devons aussi protéger notre modèle social et renforcer les dispositifs qui aident les personnes en difficulté. La lutte contre le fascisme et toutes les formes d’extrémismes est complexe. Elle demande un investissement considérable dans l’éducation et la culture, mais aussi dans l’emploi, le logement et l’intégration sociale. Fort heureusement, notre pays est très évolué dans ces différents domaines. Nous avons des dispositifs performants et des gens formidables, à tous les niveaux, pour les faire fonctionner.
Ik sluit dus af met deze hoopvolle boodschap. In België, hebben we reeds vele zware beproevingen doorstaan, die we steeds te boven zijn gekomen. De vreselijke periode van de deportaties in België moet een uitzondering blijven. We hebben uiteraard veel lessen getrokken in 70 jaar tijd. Daardoor hebben we een solidaire en broederlijke samenleving uitgebouwd, een samenleving waar iedereen het recht heeft om vrij te leven en naar waarde kan worden geschat.
Merci à tous ceux qui œuvrent pour ce type de société. Ces personnes sont dignes du flambeau qui leur a été confié. Elles sont à la hauteur des nouveaux enjeux de civilisation. A l’heure de la mondialisation et du métissage généralisé, la promotion du respect, de la tolérance et de la diversité est plus que jamais essentielle. Je vous remercie de votre attention et je souhaite à toute la communauté juive une très heureuse fête de Rosh Hashana.
Shana tova !